Ce que m’a appris un projet SAP structurant, bien avant S/4HANA
En 2008, Smurfit Kappa (aujourd’hui fusionné avec WestRock) lançait un vaste programme de transformation visant à harmoniser ses processus commerciaux et logistiques en Europe. À cette période, j’étais responsable du domaine SAP SD / Logistique au sein du Centre de Compétences SAP. Ce projet reste, encore aujourd’hui, l’un des plus formateurs et engageants de mon parcours.
Un projet visionnaire dans son approche
L’objectif ? Concevoir un Core Model SAP ECC pour la division Papier, capable d’unifier les pratiques de plusieurs pays européens.
Les enjeux allaient bien au-delà du simple paramétrage SAP :
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Standardisation des processus de vente, de distribution et de logistique jusqu’à la comptabilité, impliquant tous les modules (SD, MM, SCM, WM, PP, FICO),
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Alignement fiscal et juridique dans un contexte multi-pays,
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Optimisation de la supply chain et amélioration de la promesse client,
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Pilotage multi-sites cohérent à l’échelle européenne.
Un défi ambitieux : conjuguer vision centralisée et respect des spécificités locales.
Une immersion terrain, entre ateliers et écarts
Dès la phase de blueprint, j’ai travaillé main dans la main avec les équipes métiers locales, les responsables fonctionnels des autres domaines (MM, FI, SCM…), et les experts techniques.
Cela m’a amenée à :
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Animer les ateliers fit/gap avec les pays pilotes (Espagne, Allemagne, Pays-Bas),
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Définir les processus cibles avec un souci constant d’équilibre entre standardisation et pertinence métier,
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Documenter les écarts et prioriser les ajustements,
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Et bien sûr rédiger les spécifications pour les process clés : ventes, schémas de prix, intercompany, export, livraisons, gestion des transporteurs, facturation, retours, conditions commerciales, reporting…
Un autre enjeu était aussi de traduire les contraintes réglementaires liées à la TVA (intracommunautaire, auto-liquidation, flux triangulaires) en règles SAP robustes et pérennes.
Apprentissage #1 – une solution solide, c’est une équipe soudée
Ce projet m’a profondément marquée par la qualité de la collaboration inter-domaines. Entre les métiers, les key users, les consultants et les développeurs, nous avons construit un Core Model qui a tenu dans le temps.
Les ingrédients de cette réussite :
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Une co-construction avec les filiales, pas une descente unilatérale,
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Une documentation rigoureuse, pensée pour les déploiements à venir,
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Et surtout, une équipe bienveillante et ultra-impliquée, avec un management qui nous a fait confiance et reconnaissait régulièrement notre travail.
Apprentissage #2 – penser standard, mais écouter le local
Le plus grand défi fut sans doute celui d’intégrer la diversité des pratiques locales sans exploser la complexité du modèle global.
Cela impliquait de :
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Faire des choix réalistes sur ce qui devait être standardisé à tout prix,
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Accepter des exceptions maîtrisées, avec des garde-fous pour garantir la maintenabilité des développements.
Même la gestion de la TVA multi-pays fut automatisée en s’appuyant sur un design clair, documenté et testé dans tous les cas de figure.
Cela a pris du temps mais s’est avéré payant.
Résultats durables et leçons toujours valides
Parmi les réussites concrètes :
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Des processus unifiés sur 3 pays de référence,
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Une réduction drastique des traitements manuels et d’interfaces (legacy) inutiles,
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Une supply chain plus performante pour une promesse client plus fiable,
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Une visibilité accrue sur les opérations via des tableaux de bord et des rapports facilement actionnables,
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Une conformité fiscale multi-pays automatisée et maîtrisée.
Avec le recul, ce projet m’a appris à articuler exigence métier, rigueur fonctionnelle et réalité terrain avec une équipe formidable, soudée de consultants et business users.
J’en garde un souvenir inoubliable et c’est pourquoi je souhaitais faire ce retour d’expérience.